A mon âge je me cache encore pour fumer un film inspiré après la pièce de théâtre homonyme, écrite par Rayhana Obermeyer, parle de la conditions de femmes, de l'univers des femmes, sans voile, du monde féminin en rapport avec les hommes.

 

Ce sont plutôt les personnages et leurs histoires qui font vivre le film, un film assez théâtralisé même dans les cadres et la manière de tourner les scènes.

 

"Il y a que les putes qui fument."

 

Dans A mon âge je me cache encore pour fumer on pénètre dans un hammam de femmes d'Alger, le lieu absolut de la féminité, ou les femmes se dévoilent et se raconte telles qu'elles sont, avec leurs rêves, leurs peurs, leurs chagrins, en créant une solidarité féminine intra-muros; C'est comme si parler et se raconter, offre à ses personnages la possibilité d'exister, d'affirmer leur identité, leur soi réel qu'elle doivent le plus souvent cacher dehors, dans le monde des hommes. Car ironiquement, le hammam, ce lieu enfermé et humide leur permet de trouver la liberté, dehors, à la lumière du soleil, elles sont enfermés par les règles et les volontés des hommes. 

Le titre du film,A mon âge je me cache encore pour fumer, parle d'une réalité simple, il y a tellement de petites choses (et de grandes) qui sont interdites aux femmes, tellement de règles et prohibitions qui une fois transgressées attirent le blâme sur la femme. Il n y a pas de réfléction, pourquoi c'est mal, pourquoi c'est bon, ce sont de règles immuables, faites par les hommes, et les femmes doivent se soumettre. Enfant ou adulte, la femme n'est jamais sont propre maître.

 

"Je voulais mourir le jour ou ils m'ont fait arrêter l'école, je les ai suppliés. Ils m'ont répondu: Le jour ou tu sortiras d'ici, ce sera pour aller chez ton mari et de chez ton mari à la tombe."

 

Au hammam, on fait connaissance avec une diversité de femmes, des personnages qui rient, qui prennent le plaisir de se sentir bien dans leur corps, mais aussi de femmes qui trouvent ici un moment pour soupirer. Fatima, l'administratice  du hammam, est une femme courageuse, avec un regard dur et réaliste sur la condition de la femme, alors que Samia, une jeune masseuse rêve de se marier, Nadia est heureuse d'avoir obtenu son divorce, Aicha est une intégriste qui croit dans l'islam radical et Louisa raconte sa nuit de noce à 11 ans, quand elle a été mariée avec un ami de son père. Toutes ces femmes se réunissent ici et entre elles se tissent de liens, car plus ou moins, elle connaissent toutes la tyrannie du monde en dehors du hammam et la lutte dure qu'elles doivent mener pour gagner leurs droits à une vie digne.

 

A mon âge je me cache encore pour fumer

C'est avec émotion et humour que Rayhana réussit à donner vie à toutes se femmes qui rendent nues devant nous, corps et âme, afin qu'elle nous secousse fortement avec les drames du monde féminin.

 

Notes sur la réalisatrice

Rayhana Obermeyer a dû quitter l'Algérie et s'exiler en France car ses convictions féministes et son engagement dans la lutte pour les droits de femme, lui a attiré beaucoup des ennemis, des intégristes soutenant l'islam. On a même essayé de la brûler vive à Paris, mais elle a continué et continue sa lutte pour crier face à l'occident les injustices faites aux femmes.

Vous pouvez lire un entretien intéressant avec Rayhana dans ParisMatch.

 

 

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