Le nouveau film signé par Martin Scorsese, Silence est un drame sur le destin de deux missionnaires jésuites qui partent au Japon en quête de leur maitre spirituel et pour soutenir et répandre la foi chrétienne dans cette terre lointaine, à l’autre bout du monde, inspiré d’un roman historique de Shusaku Endo.  

Les deux prêtres portugais Rodrigues (Andrew Garfield) et Garupe (Adam Driver) s’aventurent au Japon du XVIIème siècle lors de la période de persécution de chrétiens afin de trouver  le frère Ferreira (Liam Neeson), leur ancien maitre spirituel au sujet duquel courent des rumeurs incroyables : suite à des nombreuses tortures Ferreira a trahi la foi chrétienne et il vit maintenant comme japonais.  Loin des atrocités qui se passe à l’autre bout du monde, les deux jeunes prêtres ont du mal à croire que quelqu’un si pieux comme leur maitre puisse jamais renoncer à sa foi, même sous torture. Mais une fois arrivé sur cette terre sans pitié pour les chrétiens, les deux missionnaires commencent à trembler eux même comme deux roseaux sous la force du vent du doute.

silence scorsese

Si dans la première partie du film on a l’impression qu’on va regarder un film qui va faire l’apologie du christianisme, une religion victime qui a survécu en dépit de tout, la perspective change complètement vers la deuxième partie du film, ou bien après les premiers 60 minutes, voir plus. Cela reste quand même un peu long de regarder l'apologie du christianisme, toujours victime (en oubliant toute la torture et les malheurs que le christianisme lui-aussi a su très bien infliger dans le monde et son inquisition). Les images sont belles,un plus pour l'esthétique, mais le film ennuie.

Finalement, dans la deuxième partie on se rend compte que Martin Scorsese ne glorifie pas les martyres chrétiens ni la foi chrétienne en soi, mais il ne condamne non plus l’ennemi du christianisme. Par contre, il donne le droit à la réplique au bouddhisme et  à l’esprit japonais. Dans Silence, Scorsese présente seulement avec un œil dur et clair la réalité de la douleur, de la mort et il se penche sur la méditation sur la foi qui est ouverte par les conversations entre le jeune prêtre Garupe et l’inquisiteur japonais et encore par la confrontation entre Ferreira et Garupe.

Rien ne peut pousser dans ce terrible marais qui est Japon, dit Ferreira à Rodrigues, mais celui-ci refuse d’y croire, il s’obstine dans sa foi, en soutenant que la vérité doit être universelle et que Dieu il existe au Japon aussi, il faut juste le voir et l’écouter.  Mais dans cet duel verbal entre la mission jésuite et la résignation devant la nature de cette terre inconnue, dans cette confrontation entre l’inflammation mystique pour un Dieu qui garde le silence et la logique simple du bouddhisme, c’est l’esprit japonais qui semble gagner par sa logique, par sa construction, par ses évidences.

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Cela reste remarquable qu’un film qui traite sur la persécution et les atrocités contre les chrétiens au Japon ne devient pas un film missionnaire, mais garde son esprit critique et laisse le spectateur tirer ses conclusions.

Mais on ne peut pas remarquer comment le film est long :2h41! Il parait que Martin Scorsese a mis 25 ans pour faire ce film, d’où peut-être un peu trop d’enthousiasme et moins de lucidité pour raccourcir certaines scènes ou les éliminer. Il y a plein de discussions sur la théologie qui n’aboutissent nulle part et qui reste très de surface, n’apportant rien au film, qu’une longueur qui devient difficile à supporter. J’irai pas jusqu’à dire comme Xavier Leherpeur que le martyr du film c’est le spectateur dans sa critique virulente sur France Inter.

 

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